De nombreuses autres îles accueillent des constructions plus originales les unes que les autres.
Mais, dans l’immédiat, le cap’tain commence à se préoccuper de l’hivernage d’En-Dro, arrivé au bout de sa saison. Il regrette terriblement Spring Cove Marina, mon domaine de l’hiver dernier. Mais arrivé où nous sommes maintenant, le rêve de Spring Cove est bien lointain et il vaut mieux l’oublier. Je serai sans doute moins confortablement installé mais je comprends bien que nous devions rester par ici pour l’hiver qui sera canadien ou plus probablement américain pour une bonne raison administrative !
On ne peut pas quitter le Canada en laissant son bateau derrière soi à moins de l’importer au Canada en payant les droits de douane (environ 15% de la valeur du bateau). Suite aux protestations des chantiers canadiens qui voyaient les bateaux étrangers partir hiverner dans les chantiers américains, la douane canadienne a fini par créer une dérogation sous réserve de présenter une liste suffisante de travaux à exécuter par le chantier. Le problème est qu’aucun texte ne précise la nature et l’importance des travaux.
Ainsi, on a vu des bateaux obtenir d’un fonctionnaire de la douane l’autorisation d’hiverner sans que son propriétaire soit au Canada puis se voir supprimer l’autorisation par un autre fonctionnaire quelques mois plus tard. Devant une telle situation, le cap’tain opte d’emblée pour un chantier américain tant que la douane canadienne n’aura pas clarifié sa situation.
Pour plus de facilités, le cap’tain nous emmène directement à Kingston, une des premières grandes villes sur le Lac Ontario, au débouché du St Laurent. C’est le premier endroit où il est possible de louer une voiture pour aller faire un tour du côté américain. Sitôt dit, sitôt fait, mon équipage part un beau matin en laissant En-Dro à ma garde, comme d’habitude. Ils ont décidé d’aller en reconnaissance du côté américain où ils ont repéré sur les guides les possibles marinas où laisser le bateau. Le trajet est simple, il suffit de passer le pont pour rentrer aux «Etats», comme dit Hélène. Le visa d’entrée délivré à mon équipage en avril est toujours bon, donc pas de problème. Une fois la tournée faite, retour par le même pont où la douane, canadienne cette fois, se pose des questions sur notre visa canadien inexistant (les formalités d’entrée se sont faites par téléphone, donc sans traces écrites sur les passeports). Finalement, après quelques temps d’attente dans les bureaux, la fonctionnaire a retracé tout le parcours de mon équipage (y compris qu’il est arrivé aux USA la veille) et autorise la re-rentrée au Canada. Qu’aurais-je fait tout seul à bord, si l’autorisation avait été refusée ???
Cette petite virée a permis de trouver un seul chantier possible sur les douze repérés à l’origine. En-Dro est trop gros pour certains chantiers qui refusent de le manipuler. Plusieurs ne sortent que des bateaux à moteur (beaucoup plus simples à rentrer dans un travelift). Quelques-uns sont d’accord pour hiverner En-Dro mais le cap’tain, soit au vu de l’état général du chantier, soit simplement au vu du travelift, refuse de leur confier son bébé. En-Dro (et moi avec) passera donc son hiver au chantier French Bay de Clayton, au beau milieu des Mille Îles. Le chantier ne vaut surement pas Spring Cove Marina, mais remplit à peu près toutes les conditions pour laisser le bateau en sécurité. Le seul problème qui risque de se poser, est un problème de tirant d’eau. Il est fréquent qu’à cette époque de fin d’été, il y ait des baisses de niveau de l’eau, ce qui rend l’accès à certaines marinas difficiles. D’autant plus que la chaleur de l’été a permis la prolifération d’herbes aquatiques qui ne facilitent pas les choses. Le cap’tain aura eu raison de se préoccuper sans tarder de l’hivernage d’En-Dro ce qui va permettre d’assurer le passage de ses 1m10 jusqu’à la darse du roulève. Puisque le chantier de Clayton où je vais passer l’hiver présente ce problème de tirant d’eau. Nous allons donc abréger un peu la navigation dans ces Mille-Îles, quitte à y repasser au printemps prochain.
Après une montée un peu délicate sur le roulève, bien suffisant pour le poids du bateau mais limite en dimensions : pour la première fois lors d’une mise à terre, le cap’tain a été obligé de démonter étai et bas étai, après avoir sécurisé le mât et de démonter les chandeliers à cause du resserrage des sangles. Bref une manoeuvre compliquée, suivie d’un remontage plus simple et de réglages très longs. Le tout fut l’affaire d’une journée !