Correspondance :
Hotel de Ville
5 rue Jules FERRY
44 490 Le CROISIC
Courriel : clubcroisierecroisicais@gmail.com
Facebook : Club de croisière croisicais
Affilié à la FFV sous le n°44005
Permanence tous les samedis de 11h30 à 13h30 à l'ancienne criée
Chesapeake Bay– Juillet à Octobre 2014
Nous voilà donc dans la Chesapeake. Mais là on ne rit plus, nous sommes quasiment en mer, il est temps de ranger les pots de fleurs. En fait, il n’y a pas de pots de fleurs mais il va falloir ranger un peu l’intérieur, coucher les bouteilles laissées droites sur les étagères, mettre les fargues de la table du carré pour empêcher le bazar de tomber, rentrer les vélos qui sont depuis tout ce temps restés dehors et n’avaient jusqu’alors jamais reçu une goutte d’eau de mer. Moi-même, bien calé sur mon perchoir je vais devoir sans doute reprendre ma vigilance habituelle aux coups de roulis (de temps en temps il me faudrait une ceinture de sécurité pour me tenir !). Nous avons eu un avant-goût de cette navigation dans l’Albemarle qui avait été assez agitée et où du petit matériel avait valsé.
La Chesapeake est une baie formée des estuaires de plusieurs fleuves et rivières (dont le Potomac, la rivière de la capitale, Washington) et qui s’étend sur environ 300 Km du Nord au Sud. Ses côtes, extrêmement découpées représentent plus de 18000 Km, c’est dire l’importance du potentiel nautique. Moins important que ce qu’on pourrait croire cependant car la plus grande partie de la baie est très peu profonde (moins de 2 mètres d’eau sur 75% de sa surface) et c’est justement cette zone côtière qui nous concerne. Le cap’tain a appris au musée de Norfolk «qu’un homme pourrait marcher par temps calme dans 70 % de la surface de la Chesapeake sans mouiller son chapeau» !
Avec son faible tirant d’eau (2,90 m dérive basse mais seulement 1.10m dérive relevée), En-Dro peut remonter les grandes rivières (à condition qu’il n’y ait pas de pont de moins de 65 pieds !) mais ne peut remonter toutes les petites rivières sympathiques et abritées malgré toute la science du cap’tain.
Il y a des années, notre mousse avait lu le bouquin «Chesapeake» de James Michener qu’elle avait adoré et dont elle garde un souvenir ému. Son plus grand regret est de ne pas l’avoir relu avant d’y venir. Nul doute qu’elle ne s’y replonge dès son retour au Croisic mais je n’y serai pas pour recueillir ses commentaires !
Nous sommes donc partis de Norfolk le lendemain d’un coup de vent orageux dont l’annonce nous avait fait rester à la marina. Le cap’tain a fait sagement puisque nous avons appris peu après qu’un bateau avait coulé suite à ce coup de vent. Moralité : deux morts qui auraient pu surement être évités avec un peu de bon sens et de précautions…
Nous montons assez vite jusqu’à Annapolis, première grande ville sur le parcours, essayant de trouver des mouillages à la fois abrités et accessibles, même dérive remontée. Il ne s’agit pas de rester plantés dans la vase et de ne plus pouvoir s’en défaire. Jusqu’à présent, le cap’tain a toujours réussi à sortir de la vase locale, même si, quand il relève son mouillage, il en garde de noires traces sur lui ! Heureusement qu’il a installé une pompe eau de mer avec le tuyau adéquat ce qui lui permet de rincer sa chaîne au fur et à mesure qu’il la remonte et de ne pas stocker toute cette vase dans la baille à mouillage où, quand la vase est sèche, il n’y aurait plus qu’un seul bloc chaîne-vase…
Bref rien de particulièrement notable jusqu’à Annapolis où nous sommes arrivés un lundi matin. Nous avions passé le WE précédent dans la rivière juste au sud de celle d’Annapolis, ne souhaitant pas arriver à la marina un dimanche, plus cher que les jours de semaine. Sachant la crique que nous convoitions très fréquentée le dimanche, le cap’tain s’est dépêché pour y arriver assez tôt (cela dépend du trajet à faire et n’est pas toujours possible). La bonne heure est après 11h pour donner le temps aux non matinaux de quitter les lieux mais avant midi pour être les premiers à prendre la place. C’est ce que nous avons fait : mouillage sans problème et une heure à peine après notre arrivée, l’anse était bondée de bateaux mouillés dans tous les sens, souvent à couples et même à quadruple. Voire pas mouillés du tout et tournant en rond en général à plein gaz, de quoi troubler la meilleure des siestes. Cela nous a rappelé un mouillage idyllique à Ilha Grande au Brésil où l’eau, transparente et pure au petit matin, n’avait retrouvé qu’une partie de sa sérénité le soir une fois disparus tous les gros moteurs qui y avaient tourné toute la journée. Mais elle était restée un peu trouble et fleurant bon l’essence.
Plusieurs grandes villes de la Baie dont Annapolis revendiquent le titre de capitale du sud du Yachting. Est-ce vrai ? Nous ne saurions le dire mais l’endroit s’y prête avec ses multiples criques, ses marinas géantes, ses yacht clubs hyper chics et ses évènements nautiques à répétition. Pas forcément le style d’En-Dro d’autant plus que les prix augmentent avec la concentration et là, nous atteignons des sommets : 2,75 USD par pied et par nuit(En-Dro fait 45’). Et peut-être n’avons-nous pas fini… Vive les mouillages sauvages.
Arrivés à ce point de notre voyage, je sens mon équipage hésitant. Il faut déjà penser à l’hiver prochain et trouver un chantier pour mettre En-Dro au sec, avec son fidèle gardien. Ils veulent aussi profiter du temps qui leur reste encore pour visiter Washington DC, capitale des USA, qui n’est qu’à ½ heure d’Annapolis et voir un peu l’intérieur des terres. Je les vois donc disparaître un beau matin. Ils ont loué une voiture et partent pour Washington. Ils vont en revenir fatigués et écœurés. En effet, partir à l’heure de pointe pour une capitale que l’on ne connait pas du tout, avec seulement un mauvais plan (ils n’ont pas trouvé mieux) est manifestement une entreprise difficile. Ils trouvent après quelques tours de quartier un parking où laisser la voiture et prennent un bus touristique à étage qui vous montre
tous les endroits à voir : le Capitole, la Maison Blanche (qui est grise), et des «Mémorials» en tous genre (cela va du temple grec pour Lincoln au carillon du Taft Memorial). Il y en a à la mémoire de Washington, de Lincoln, Roosevelt, Jefferson, Einstein, Martin Luther King, des vétérans de la guerre du Vietnam, des vétérans de la guerre de Corée, sans oublier bien sur les «Mémorials» des deux guerres mondiales où l’on est saisi de voir la liste des américains disparus pour être allés aider un pays lointain qui n’était rien pour eux. Ceci n’est que la liste des plus grands «Memorials» mais il en existe à presque tous les coins de rues et la mousse est revenue de Washington avec une indigestion de mémoriaux.
Ils sont passé aussi avec leur bus touristique au cimetière d’Arlington, de l’autre côté du Potomac, où le cap’tain tenait à aller en pèlerinage. Il a beaucoup fait, quand il était président de la Station de Sauvetage du Croisic pour la construction du canot de sauvetage tous temps, canot nommé «Pierre Robert Graham».
Pierre R. Graham était fils d’un soldat américain venu combattre sur le sol français en 1917 lorsque les américains vinrent avec leurs blindés et leurs avions nous aider à sortir d’une guerre de position (les fameuses tranchées) dont on ne voyait plus la fin. Faute d’aérodromes en France les «avions» américains étaient des hydravions. Arrivés en caisse par cargo à St Nazaire et montés au Croisic sur la grande jonchère et celle du du Lénigo devenues pendant quelque temps base aéronavale américaine, ils formaient avec les avions français basés au pré brulé une escadrille côtière chargée de lutter contre les sous-marins allemands.
Au retour du front le père de Pierre R. Graham, resté en France, épousa une nazairienne. De cette union naquit à St Nazaire Pierre Robert citoyen à la fois français et américain qui s’engagea dans l’US Navy en 1940, et s’y distingua au point d’être aujourd’hui enterré au cimetière des héros nationaux à Arlington.
Sur la plage de St Nazaire un monument figurant un soldat américain arrivant sur le dos d’un aigle commémore l’arrivée des soldats américains en 1917 (nous aussi nous avons nos «Mémorials»). Les allemands à leur arrivée à St Nazaire en 1940 ne trouvant pas ce mémorial à leur gout le firent sauter. Après la guerre une association dont Pierre R. Graham fut un temps président, fût crée pour le reconstruire. L’ «Association du monument américain » reçut beaucoup d’argent de France et des Etats Unis. Le monument reconstruit, il en restait encore beaucoup.
Lorsque la station de sauvetage du Croisic décida d’acquérir un canot tout temps l’Association du monument américain nous offrit ce qui leur restait en caisse, un million de francs, en demandant que le canot porte le nom de Pierre Robert Graham. Voilà pourquoi le canot de sauvetage du Croisic porte le nom d’un marin franco-américain héroïque et pourquoi le cap’tain et sa mousse sont allés aujourd’hui en pèlerinage à Arlington devant l’urne où reposent les cendres de Pierre R. Graham : court 2, section Z, colonne 5, niche 2.
Car ce cimetière immense et extrêmement fréquenté est aussi très bien organisé. Chacun peut y venir se recueillir sur une tombe : à l’entrée, un ordinateur est à disposition dont l’imprimante fournit la localisation exacte de la tombe recherchée, le parcours le plus court pour y arriver, la distance à parcourir et le temps de transit à pied.
Ils n’ont pas réussi à revenir en voiture au Mémorial Martin Luther King, tournant en rond dans les bretelles d’autoroutes et autres voies rapides et ont fini leur journée en montant à la cathédrale épiscopale de Washington (construite sur la plus haute colline de la ville), que le cap’tain, grand amateur de cathédrales a parcouru en tous sens.
Journée très dense, donc, et fatigante, du fait des embouteillages monstres au départ et à l’arrivée et de cette ambiance de ville dont mon équipage et moi-même n’avons plus l’habitude.
Le lendemain la sortie a été plus tournée vers la campagne en bord de mer. Il s’agissait de faire le tour des chantiers susceptibles d’accueillir En-Dro pour l’hiver. Espérons que de tout ça sortira le chantier idéal.
C’est pour cela aussi qu’en remontant vers le nord, la recherche va continuer vers la Delaware que nous atteignons en passant le canal C & D (Chesapeake et Delaware). C’est un canal d’une vingtaine de milles de long, creusé de main d’hommes au début du 19ème siècle. La réalisation a été tardive mais l’idée datait de plus d’un siècle. C’est un canal reliant Chesapeake Bay à la Delaware. Ce canal permet de réduire de 300 milles la distance entre Philadelphie et Baltimore, les deux grands ports de la région. Il a coûté un nombre important de vies humaines mais a été financièrement rentable surtout après la suppression des écluses qui a permis de diminuer les frais de passage, d’augmenter la taille et la capacité des navires et de raccourcir le temps de transit. Mais ce fut le déclin inévitable de Chesapeake City, à l’entrée du canal, qui d’arrêt obligatoire à l’écluse est devenue la ville d’où on regarde passer les bateaux : «Ship watch Inn» (pour Ship watching, jeu de mots dont sont friands les américains), ainsi s’appelle l’auberge du canal. En-Dro a lui aussi tiré profit de ces améliorations (hormis la taille des écluses qui n’aurait pas été un grand problème).
Nous arrivons à la marina de Delaware city sous un déluge et sous visibilité réduite ce qui n’est pas pour faciliter l’entrée dans le port avec ses hauts-fonds et son courant traversier. Le capitaine négocie cela habilement et nous nous retrouvons trempés comme des soupes mais solidement accostés au ponton de la marina. Delaware city est un village, dont on peut se demander de quoi vivent les habitants, jusqu’à ce qu’on découvre, en amont de la rivière, juste derrière la ville, un complexe pétrochimi-que qui fait vivre toute la région. La devise de la ville «Historic past, bright future» (passé historique avenir brillant !) nous avait paru au premier abord optimiste pour ce qui était du futur. Finalement, nous avons compris que la région était pleine d’avenir grâce à son industrie. Une industrie chimique qui fut fondée en 1802 par la famille Du Pont de Nemours. La poudrerie d’origine qui prospéra avec la guerre de 1812 contre les anglais puis avec la guerre de sécession s’est ensuite diversifiée dans les textiles artificiels, le caoutchouc synthétique etc…Les étudiants viennent même de Chine à l’Université de la Delaware pour se former aux métiers de la chimie. Les futurs concurrents sont déjà à pied d’œuvre.
Delaware city est célèbre également par son restaurant tenu par Mr et Mme Lewinsky sur la Clinton avenue, ça ne s’invente pas, et ils s’en font une pub cocasse.
De nouveau, mon équipage m’abandonne à mon triste sort et part en voiture, découvrir la côte atlantique du New Jersey (péninsule entre Delaware et Océan). La côte atlantique est marécageuse avec un cordon d’îles littorales toutes reliées maintenant par des ponts. Ces îles sont de petits Croisic ou des grandes La Baule. Rien de dépaysant apparemment pour mon équipage. Ils ont quand même été surpris par Atlantic city. La ville balnéaire est devenue un mini Las Vegas : plusieurs casinos, hôtels immenses comme savent si bien les faire les américains. Donald Trump est passé par là et y a laissé son nom. Bref, rien qui fasse rêver mon équipage avec la plage invisible derrière les grands immeubles. Et souvent sur les maisons particulières (il y en a quand même mais pour combien de temps ?) des pancartes «Stop aux taxes qui nous tuent» !. Il y a manifestement des problèmes dans cette ville, ce dont nous avons confirmation quelques jours plus tard à la télévision, en apprenant que deux casinos vont fermer faute d’être assez rentables et laisser plus de 3000 employés sur le carreau (sur les 8000 actuels).
De Cape May, au sud de la Péninsule, à Atlantic city, les marinas et chantiers ne sont pas convaincants et chers (aussi chers que la chambre du motel qu’a trouvée in extremis, mon équipage, plus de trois fois plus chère que dans le nord de la Delaware). Rien d’intéressant de ce côté ci du canal.
En rentrant par l’intérieur, autour de Dover, capitale de la Delaware, mon équipage a un bref aperçu de la culture amish (culture dans tous les sens du terme) : maisons sans voiture, impensable aux USA, fermes à l’ancienne, charrettes à chevaux sur les routes. Juste un petit bémol amish : une charrette dument tirée par des chevaux mais transportant des jerricans de gas-oil. On se prive de voiture et on a gardé les chevaux mais on utilise les machines agricoles modernes.
Un autre détour dans l’intérieur vers Whitesbog, minuscule hameau où une femme a installé autrefois une exploitation de cranberries (canneberges). Elle a employé jusqu’à plus de 600 personnes sur sa ferme. La culture des cranberries a rappelé au cap’tain le système des marais salants.
Les cranberries poussent dans ce que l’on pourrait appeler une saline mais d’eau douce, sans œillets, avec son profil particulier (peu profonde au centre, plus profonde tout autour au pied de la digue de terre). L’eau est stockée dans des vasières communicant avec les «salines» par des trappes ou bien est amenée par des arroseurs en période de sècheresse. Pour récolter les cranberries on noie les «salines», les cranberries mûres flottent, il n’y a plus qu’à passer avec une machine qui fini de détacher les cranberries de leur branche et les ramasse en écrémant la surface de l’eau.
Le cap’tain pensait monter maintenant jusqu’à New York et revenir ensuite. La mousse préférait revenir dans la Chesapeake où nous avons passé un peu rapidement et aller faire le tour des coins et recoins de cette baie extraordinaire. Au printemps, nous partirons directement pour le nord pour être au Canada avant la fin mai pour renouveler le cruising permit du bateau qui expire le 31 et nous n’aurons plus le temps de visiter quoi que ce soit. Une fois passés nos quinze jours obligatoires dans les eaux étrangères, nous reviendrons aux US pour retrouver un nouveau cruising permit et explorerons la côte de New York à la frontière canadienne, avant de remonter définitivement vers St Pierre et Miquelon et le Canada.
Finalement, En-Dro va donc repasser le canal dans l'autre sens (d'est en ouest) pour revenir dans Chesapeake Bay où se trouvent les chantiers les plus intéressants et pour une fois, nous allons naviguer tranquillement de criques en criques. Une petite pause à Chesapeake city où le free dock était libre. Il est limité en principe à une seule nuit mais mon équipage est allé demander à la mairie si, en raison du très mauvais temps annoncé pour le lendemain, nous pouvions rester une nuit de plus. Permission accordée sans problème. Nous avons donc une nuit de grâce. La journée pluvieuse et venteuse qui s’annonçait a été l’occasion pour le cap’tain de visiter le petit musée local qui montre les travaux gigantesques effectués sur le canal et explique comment la ville s’est endormie du jour au lendemain après la mise à niveau du canal supprimant les écluses.
Sitôt sortis du canal, nous remontons dans la Upper Bay, vers "éveur di grèsse" (ne surtout pas prononcer Havre de Grâce, ils ne connaissent pas !!!). Le Marquis de La Fayette y arrivant alors que le hameau n’avait pas encore de nom, se serait exclamé «c’est Le Havre !» car le lieu à l’embouchure d’une rivière lui rappelait Le Havre en France (Le Havre de Grâce à l’époque). La ville s’appelle ainsi depuis. Le cap’tain, qui connait bien Le Havre pour y avoir passé quatre ans à l’école de la Marine Marchande, nous a certifié que les deux Havres n’avaient aucune ressemblance : ici, pas de falaises de craies, pas d’eau profonde donc pas de grand port et rien de commun entre la Seine (navigable jusqu’à Paris) et la Susquehanna pour laquelle il a été nécessaire de creuser un canal latéral pour permettre un minimum de commerce avec l’intérieur.
Nous allons y rester quelques jours pour réparer le ventilo du compartiment moteur Bd qui est mort (West Marine, grosse chaine de shipchandlers, en vend et il y en a un pas loin). Nous pensions aussi assister au Seafood festival qui se tient ici à la mi-aout mais le Seafood festival s’est tenu le WE dernier, ce WE ci, c’est Art Show. L’art a remplacé les fruits de mer, je ne pense pas y gagner mais de toute façon il n’y a pas le choix. En 1789 quand il s’est agi de choisir une capitale pour les nouveaux Etats-Unis, HdG a été en ballotage avec Washington qui a finalement été choisie grâce à la voix déterminante du Speaker de la Chambre. Peut-être dommage pour elle mais du coup, HdG est restée une petite ville à taille humaine, agréable à arpenter en vélo et où la marina est en centre ville.
En 1813 la ville a été attaquée et complètement brûlée par la marine anglaise. Il s’agit d’une guerre que les américains appellent la guerre oubliée car chez nous, qui sait que trente ans après leur indépendance obtenue de haute lutte, les Etats-Unis ont déclaré la guerre aux anglais ? Affaiblie par presqu’un siècle de guerre contre la France et en pleines guerres Napoléoniennes, l’Angleterre ne put que riposter par des raids côtiers contre les nids de corsaires qu’étaient devenus les multiples affluents de la Chesapeake. De son côté, la nation américaine, encore composée d’une juxtaposition d’ex-colonies, sans armée expérimentée et sans marine sérieuse, y faisait difficilement face et deux ans plus tard, en 1814, les deux ennemis, essoufflés, signèrent le traité de Gant qui ne faisait qu’officialiser le statu quo antérieur. Des destructions et des morts pour rien si ce n’est que les combats avaient donné au peuple américain le sens d’appartenir à une même nation, ce qu’ils n’avaient pas jusqu’alors. La Chesapeake, aux premières loges, a été le théâtre de nombreux raids de la marine anglaise et la moindre bourgade a été touchée comme on nous le montre à chaque escale. Les troupes de débarquement anglaises sont allées jusqu’à brûler Washington et la Maison Blanche le 24 août 1814. Deux cents ans après, à bord de En-Dro, nous apprenons que l’ambassadeur anglais à Washington a envoyé un gâteau avec des «sparkling candles» à la Maison Blanche accompagné d’un tweet promettant que cette fois-ci il n’y aurait que des « étincelles »… cet humour pourtant très américain, a été très controversé par le monde politique local.
L’escale suivante est un dernier essai de chantiers à Baltimore dans une marina dont le cap’tain a entendu parler en bien. Il s’agit d’une marina un peu excentrée et pas trop chère. Finalement, les réparations n’ont pas l’air d’y être plus faciles et rapides qu’en d’autres endroits, les prix de l’heure de travail dans cette grande ville sont importants et la situation de la marina est rédhibitoire : elle se trouve en effet sur une pointe séparée de la ville par une autoroute et pour aller en ville il faut emprunter des bretelles compliquées, dangereuses et défoncées. Les grilles d’égout sont de simples barreaux mis dans le sens de la chaussée et suffisamment écartés pour que la roue du vélo tombe dedans. De plus, le quartier est plutôt mal famé et il n’est pas question de sortir de la marina ou de la base navale qui la jouxte à la nuit tombée à pied comme à bicyclette. Le cap’tain a quelques réparations à faire sur ses moteurs (l’éternelle fuite de liquide de refroidissement qui n’empêche pas de naviguer mais est un souci) et pense rester quinze jours, trois semaines à bord après avoir mis le bateau à terre. La vie dans ces conditions à la marina n’est donc pas envisageable, quels que soient les prix et la diligence du chantier. Et ce, d’autant plus que la marina qui cumule tous les prix de vertu écologique est en fait une sorte d’égout que nous avons hâte de quitter.
Nous avons retrouvé sur cette marina un vieux «skipjack», bateau de pêche aux huitres du Havre de Grâce : Le «Martha Lewis» en grande réparation, en espérant qu’il retrouve la mer un jour. Premiers dériveurs dans l’histoire de la marine, ce sont les bateaux typiques de la Chesapeake, grées en sloop avec une immense bôme dépassant largement sur l’arrière, champions de la pêche aux huitres.
Cette escale à Baltimore nous aura quand même permis de rencontrer enfin les amis d’Yves, Mike et Sally, qui habitent Washington. Nous pensions les voir à Annapolis mais la rencontre n’avait pas pu se faire. Mike est architecte naval, spécialiste de la construction des bateaux en aluminium. Rien de mieux pour intéresser le cap’tain et à la fin de la journée, si leurs deux jeunes garçons n’avaient pas été là, qu’il fallait ramener à la maison, je pense qu’on aurait pu laisser Mike et Gilles refaire le monde des bateaux alu jusqu’au matin. La mousse (parfois lassée des conversations autour du bateau) était plus intéressée par le travail de Sally qui travaille comme ergothérapeute, surtout avec des enfants, dans plusieurs institutions de Washington. Ils ont déjeuné à bord et En-Dro leur a offert ensuite une mini-mini croisière puisque nous devions changer de ponton. Nous souhaitons nous revoir et devrions les retrouver à Washington où le cap’tain a fort envie d’aller. Il suffit de remonter les 100 milles du Potomac pour arriver à la capitale. Une bagatelle après les plus de 8000 milles qu’à enregistrés En-Dro depuis son lancement.
En attendant, mon équipage disparait encore au volant d’une voiture de location. Ils ont commencé par suivre le C & O Canal National Historic Park. On s’y balade le long d’un ancien canal qui rejoignait autrefois par le Potomac la Chesapeake à L’Ohio. Le canal aujourd’hui disparu était un enjeu stratégique pendant la guerre de Sécession. Il fut donc intelligemment démoli par les deux camps, chacun essayant d’empêcher l’autre d’en profiter.
Ils se sont dirigés ensuite vers les Appalaches, rangées de montagnes toutes proches dans l’intérieur. L’idéal aurait été de faire l’Appalachian trail, plus long sentier de grande randonnée du monde, près de 2200 milles s’étendant sur 14 états, du Maine au Nord à la Georgie au Sud. Mais je ne vois pas ma mousse faire le 1000ème de la distance. Ils ont donc fait la partie Maryland en voiture. Le paysage y est très différent du paysage côtier et l’architecture des maisons leur a rappelé par moment les montagnes du Jura. Peut-être que les hivers n’y sont pas aussi rigoureux mais il s’agit manifestement d’une moyenne montagne surement très enneigée l’hiver.
Le trail passe bien sur par plusieurs National Parks mais ils n’ont traversé que le Washington Monument State Park où, en 1827, les 500 habitants de Boonsboro, le village local, ont érigé sur une hauteur, un monument à la gloire de Georges Washington. D’une dizaine de mètres de haut, ce monument a servi de tour de guet et de signalisation pendant la guerre civile (appellation américaine de la guerre de sécession) puis est tombé en ruine. Il a été restauré par la suite et est aujourd’hui un monument national.
Toute cette région a vu de nombreux combats pendant la guerre de Sécession. C’est là qu’a eu lieu la victoire décisive de Gettysburg. Le musée du Monument, lui-même essaie de faire revivre une de ces batailles. Mais le cap’tain a arrêté avant la victoire, saturé des détails sans fin de la stratégie. C’était bien la première fois que la mousse voyait son cap’tain ne pas écouter jusqu’au bout une explication…
Une fois revenu au port et tant qu’à être dans les batailles, ils sont allés visiter le Fort Mc Henry, endroit stratégique pour la défense de Baltimore. Pendant la guerre oubliée dont je vous ai parlé tout à l’heure, Baltimore a essuyé une attaque en règle de la flotte anglaise. Le Fort a été pilonné pendant 25 heures et au petit matin, quand les bombardements se sont tus, une énorme bannière étoilée est hissée triomphalement pour faire connaître à tous que le fort est toujours américain. Francis Scott Key qui était allé sur un bateau anglais pour négocier un échange de prisonniers et avait assisté impuissant au combat a vu dans la brume du petit matin l’immense drapeau se déployer sur le fort. Il a su ainsi que les américains avaient résisté et a composé alors son poème : «Défense du Fort Mc Henry», devenu rapidement le «Star spangled banner», hymne national de la jeune nation (chanté sur un air de chanson à boire pour que tout le monde le retienne facilement).
Maintenant que plus rien ne nous retient à Baltimore, cap au sud. Un coin que nous n’avons pas du tout exploré à la montée se trouve sur la rive est de la Chesapeake. Mon équipage souhaite visiter le musée de la Chesapeake à St Michaels. Nous repassons sous le Bay Bridge, ce pont gigantesque qui traverse la baie juste au-dessus d’Annapolis. Là, au moins, pas de problème de tirant d’air. On devrait pouvoir passer dessous avec deux En-Dro mis l’un au dessus de l’autre. En fait, le cap’tain ne nous emmène pas à St Michaels directement pour plusieurs raisons. St Michaels n’est pas sur notre route et aller jusque là nous fait faire un grand détour. La marina est très chère (3,60$ par pied) pour ce WE qui est un grand WE puisque le lundi 1er septembre est le «Labour day», le premier mai des américains et de toute façon elle est déjà au grand complet. Les mouillages devant la marina ne sont pas très abrités « en cas de quoi que ce soit… » Toutes ces bonnes raisons pour arriver jusqu’à un petit mouillage au fond de la crique San Domingo (du bon côté pour notre route). Le fond de la crique arrive sur l’arrière de St Michaels où l’on trouve un dinghy dock d’où le centre ville n’est qu’à quelques pas. Nous y arrivons le vendredi avant ce fameux WE, seulement trois bateaux sur l’eau. Au plus fort du WE, nous serons jusqu’à 24 bateaux. Mais l’endroit est vaste et tout le monde trouve sa place.
Et revoilà mon équipage au musée : C’est le musée local qui nous apprend tout sur la Chesapeake. Ils y arrivent le samedi précédent le Labour Day, jour de la grande vente aux enchères qui permet au musée de se financer. Les gens donnent au musée de petits bateaux : bateaux à moteur, voiliers, dériveurs, canoës, motos de mer ou n’importe quoi qui flotte (il y avait même du plus petit matériel genre puces nautiques). Tous ces objets sont vendus à «l’Auction» du samedi après midi. Chaque vendeur reçoit un certificat du prix de vente à déduire de ses impôts. Je ne saurai dire, bien sur, combien cette vente a rapporté mais d’après cap’tain et mousse, le stock était très bien fourni et il y en avait pour tous les goûts. Et du coup, pour encourager le monde à venir aux enchères, le prix d’entrée du musée était seulement de 5$ au lieu de 12$, même sans intention d’acheter le moindre bateau à la vente !
Ce musée, qui se trouve dans un ensemble de vieux bâtiments dispersés le long du rivage sur plus de 7 Ha et qui abritent, l’un un véritable chantier naval chargé de l’entretien des bateaux, d’autres des expositions d’objets et de bateaux consacrés à un thème centré sur la Chesapeake : pêche aux huitres et aux crabes, usine de transformation des produits de la mer, conflits d’usage du domaine maritime, protection de l’environnement, marine de commerce dans la Chesapeake, arrivée de la plaisance dans un milieu professionnel, chasse aux oiseaux migrateurs, canards, oies sauvages et cygnes. Tout y est parfaitement présenté, expliqué et détaillé avec souvent des jeux interactifs pour les plus jeunes. Un ancien phare local est aussi installé sur le terre plain. C’est un modèle de phare fréquent par ici : une plate forme montée sur pilotis inclinés formés de «screwpiles» (tubes d’acier vissés dans les sédiments sur le fond de la baie). Ces phares ne résistaient pas toujours à la glace qui envahit la baie l’hiver et qui emporte tout sur son passage avec les courants et les marées. L’hiver était trop dangereux pour laisser femmes et enfants venir sur le phare.
Un des bâtiments du musée nous dit tout sur l’histoire de la chasse dans la Chesapeake qui se trouvant sur le parcours de migration des oiseaux a toujours attiré les chasseurs de tous poils. A une certaine époque, il s’est presque agi de «guerre», contre les oiseaux et même entre les chasseurs. L’émulation était telle entre eux qu’elle a donné lieu à des inventions surprenantes : fusils à huit canons, fusil-canon tenant tout juste dans un canot plat que l’on amenait sans bruit sur le passage des oiseaux, des oies ou des canards.
Mon équipage (même ma mousse qui n’est pourtant pas une fanatique des musées) est revenu enthousiasmé par ce musée qui ouvre des perspectives inattendues sur cette baie aux multiples visages. Ah, vivement qu’on relise le livre de Michener. Seule ombre au tableau, il est impossible, dans cette baie renommée pour ses fruits de mer, de goûter une huitre fraîche. On ne les trouve qu’en conserve ou, dans les restaurants, servies chaudes, le plus souvent frites !!!. Mon équipage a quand même trouvé moyen de se rattrapé sur le crabe bleu local qu’ils ont l’air d’avoir fort apprécié !!!
En attendant, le temps avance et nous pointons sur Solomons Island où En-Dro et moi avec, pourrions passer l’hiver… Je donnerai bien sur mon avis même s’il n’est pas sûr qu’on en tienne compte en haut lieu. Quand même, ce que j’en ai entendu me semble plutôt positif : financièrement, un des plus abordables, matériellement, un des mieux équipés pour toutes réparations ou aménagements, confortablement installé avec pontons très bien tenus, piscine, sanitaires sympathiques (ce n’est pas toujours le cas), géographiquement, à portée de voiture des aéroports de Washington ou de Baltimore. Deltaville que nous avait conseillé Jean François André, architecte et constructeur d’En-Dro est sans doute mieux placé au point de vue prix mais beaucoup plus sud (donc moins bien placé pour En-Dro qui va devoir au printemps prochain remonter assez vite vers le Canada) et installé « au milieu de nulle part », donc hors de portée des magasins d’outillage et de pièces de rechange et d’un aéroport international, ce qui est à prendre en compte.
Arrêt donc à Spring Cove Marina de Solomons où finalement, il est décidé de revenir. C’est là qu’En-Dro passera l’hiver.
En attendant, il reste le temps de remonter le Potomac vers Washington, ce que souhaitait absolument le cap’tain. La capitale n’est pas très loin mais il y a quand même 100 miles de Potomac à remonter pour y arriver. Et le Potomac ne semble pas particulièrement drôle : peu de possibilité d’arrêt pour cause de profondeurs limitées et rives un peu monotones. Par contre cela permet d’arriver à la marina du centre-ville de Washington où le cap’tain a retenu une place. Nous allons donc remonter le fleuve avec des passagers washingtoniens : Mike, Sally et leurs deux jeunes garçons, qui sont ravis de découvrir le Potomac sous un jour qui ne leur est pas familier. Tout s’annonce donc pour le mieux. C’est sans compter sur la météo et les orages qu’elle annonce. Ces orages nous rattrapent à la première escale, et nous visent d’une façon très ciblée. En effet, sur le coup d’une heure du matin, alors que tout le monde commence tout juste à s’endormir dans une chaleur lourde, nous sautons tous en l’air dans un fracas d’éclair. La foudre a frappé. Je me rassérène en entendant le cap’tain dire que le feu de mouillage éclaire toujours ce qui veut plutôt dire que les dégâts sont minimes. Tout le monde se rendort, orage parti au loin. Ce n’est qu’au matin que nous découvrons de visu que la foudre est tombée sur l’antenne de télé et a touché pratiquement toute l’électronique : sondeur, loch, VHF, carte électronique, un des deux pilotes, compas électronique, etc… Catastrophe ??? Non puisque personne n’a été touché. Mike venait tout juste, pour cause de pluie, de quitter le cockpit où il dormait et où il aurait pu peut-être servir de masse avec tous les dégâts que cela pouvait provoquer…
Le cap’tain voulait vraiment aller à Washington par la mer et il n’est pas homme à renoncer seulement parce qu’on lui retire une bonne partie de ses moyens de navigation. D’abord, la carte électronique est presque lisible (sans les détails) et l’absence de sondeur veut seulement dire qu’il faudra être très attentif à la dérive et ne pas vouloir s’approcher trop près de terre. Pas impossible, bien sûr, mais nettement moins confortable. Nous continuons donc, nous séparons de nos passagers à l’escale intermédiaire (Mike travaille et n’est donc libre que le WE) et arrivons dans le temps prévu à Gangplank marina. Voilà donc En-Dro installé dans la deuxième marina de la côte est pour le nombre de personne installées là à l’année. Autant dire que nous arrivons dans un village où En-Dro semble le seul ou presque à pouvoir prendre la mer. La plupart de nos voisins sont de petites maisons avec terrasses, balcons à pots de fleurs, petits rideaux, etc…installées sur des radeaux Tout le monde part au boulot dès le matin comme mon équipage qui enfourche ses vélos pour aller à la découverte de la ville. Je me retrouve pour la journée dans un no man’s land, pas silencieux pour autant car la marina est en train de s’agrandir et une grosse machine enfonce des pieux toute la journée, au point que l’on souhaite voir tout le monde revenir et le battage s’arrêter.
Je disais donc que mon équipage était parti une bonne partie de la journée. D’après ce que j’ai compris, Washington est une ville difficile à découvrir en voiture mais semble idéale à vélo. Les monuments les plus importants se trouvent tous sur le Mall et sont reliés par des allées faciles cyclables. Ils ont donc pu visiter enfin tous les «Memorials» qu’ils avaient manqués la première fois et il y en a pour tous les goûts. Du Mémorial F.D. Roosevelt tout de granit rose s’étendant sur plus de 200m, au mémorial Martin Luther King, un bloc de pierre blanche coupé en son milieu et sculpté. Sans oublier les «temples grecs» à la gloire des Présidents Lincoln et Jefferson, ou le Washington Memorial en forme d’obélisque, entouré d’autant de Spangled Banner (drapeau des Etats Unis tous en berne ce jour-là car capt’ain et mousse se sont trouvés là le 11 sept...J’en oublie surement mais je ne peux pas tout raconter, il faut y aller voir pour le croire. Les autres monuments impressionnants sont à la gloire des combattants des guerres du Vietnam (où sont inscrits tous les noms des soldats morts au combat, du premier, au début du monument, au dernier, à la fin) et de Corée (les statues des soldats sont en inox) et bien sûr le mémorial du souvenir de la deuxième guerre mondiale. C’est probablement le plus impressionnant de tous : un cercle de monuments au nom de chacun des 52 états des USA et pour fermer le cercle, un mur de plus de 4000 étoiles dorées, une étoile pour 100 soldats tombés au combat.
Apparemment, quand les américains créent, ils ne plaignent ni leurs efforts, ni leur argent. Et la construction de plupart de ces monuments a été rendue possible par des souscriptions faites auprès du peuple américain qui s’est toujours montré généreux et participe toujours à l’entretien des dits monuments en dons d’argent et de temps pour entretenir et accueillir les visiteurs.
Un des acteurs principaux de la culture à Washington est le Smithsonian Institute qui gère pratiquement tous les musées de la ville. Lui aussi ne vit que des dons qui apparemment lui arrivent en masse. Déjà sa création avait été possible grâce au don de 500000 $ fait par James Smithson en 1835.
Bref, la seconde visite à Washington aura laissé apparemment à mon équipage de meilleurs souvenirs que la première dont restait surtout le souvenir d’une ville difficile à découvrir parce qu’inabordable en voiture (et ce malgré une visite en bonne et due forme par bus touristique).
Nous devions rester une bonne semaine à Washington mais le problème foudre aura raccourci notre séjour dans notre marina-village ! En effet, le cap’tain voudrait profiter du grand mois qui lui reste avant son départ pour essayer d’avancer au maximum les réparations sur l’électronique.
Demi-tour, donc et redescente du Potomac avec le vent qui a changé, bien sûr. Nous aurons donc fait l’aller et le retour avec le vent dans le nez, ce qui commence à être plus qu’une habitude, bientôt une constante. Heureusement, En-Dro est lourd et nous ne sommes pas trop secoués car le vent ne souffle pas non plus en tempête mais cela veut dire que les deux trajets se sont faits au moteur, inutile dans les deux cas de hisser la moindre voile. Dommage pour les réservoirs de gas-oil qui en prennent à chaque fois un vieux coup. Mais il est prévu de faire un plein en arrivant à Solomons où le cap’tain a repéré un poste à gas-oil pas trop cher : le prix en dollar pour un gallon américain correspond à peu près au prix d’un litre en euro, sur le sol français. Bienheureux d’avoir un gas-oil moins cher aux Etats Unis, cela diminue la note, d’autant que la «risée Volvo» est depuis plusieurs mois notre principal mode de propulsion…
Arrivés le lundi à la marina, nous nous retrouvons à terre dès le lundi suivant, veille du départ de la mousse qui se paie un voyage en avion pour son anniversaire et qui s’en va si tôt surtout pour le mariage d’Aurélie, la fille de Bertrand. Heureusement, la petite semaine à terre a permis de faire des travaux déjà difficiles à deux mais pénibles voire impossible pour le seul cap’tain : dès l’arrivée montée en tête de mât pour constater de plus près les dégâts dus à la foudre, descente les voiles, déménagement du pic avant en vue de soudures pour rendre la cloison dite étanche vraiment étanche, dégagement du pic arrière pour désaccoupler vérins et capteurs d’angle de barre des biellettes de safran, etc…
Durant le mois d’octobre, le cap’tain m’a abandonné deux week-end pour aller aux très renommés salons nautiques d’Annapolis, le premier consacré aux bateaux à moteurs, l’autre aux voiliers. Décidément il ne peut pas s’en passer ! Et il va être rentré à temps en France pour aller, bien sûr, au Salon Nautique de Paris.
Son visa se terminant le 31 octobre, il me quitte pour prendre l’avion de Paris sans avoir eu le temps de faire les réparations sur l’électronique. Elles devront être faites à son retour à la mi-mars. Le reste des travaux est en bonne voie. Je reste au chantier, gardien de deux bateaux : En-Dro et son petit frère Cordova, le dériveur intégral alu de Sylvie et Jean François André (architecte et constructeur d’En-Dro), qui se sont finalement arrêtés là, eux aussi, pour hiverner leur bateau et rentrer en France.
Et joyeux noël à tous
Bon hiver et nous nous retrouvons dès le printemps